Ce roman "historique" se déroule entre 1561 et la fin du siècle, c'est à dire juste avant le sacre de Henri IV.
Nous sommes au milieu des guerres de religion entre protestants et catholiques.
Le livre est coupé en 2 parties ; la première où nous retrouvons Gabriel qui tient un journal sur de nombreuses années, puis en deuxième partie c'est son fils Ulysse qui s'adresse à lui comme dans une longue lettre.
Gabriel après avoir combattu dans les guerres d'Italie revient dans son pays, près de Bergerac, où il est marié à Louise une bonne catholique ; avec elle il aura deux enfants, Ulysse et Phoebe. Il aime sa femme mais apprécie aussi sa servante Marion. Il aspire à une vie calme dans son domaine, entouré de sa famille, à se promener, chasser et remplir ses herbiers. Lorsque les conflits entre protestants et catholiques éclatent il observe cela d'abord de loin, il ne veut plus "faire la guerre", et n'étant pas croyant tout cela le fait rigoler....au début...car malheureusement il ne pourra pas échapper à un engagement. En même temps son fils grandit et observe ce père qu'il trouve peu courageux, pataud, infidèle... Le classique désaccord entre le père et le fils à l'adolescence, mais vu au XVIème siècle.
Ulysse finira par partir pour chercher sa voie, se chercher, se retrouver....
J'ai plutôt bien aimé ce roman, un peu d'Histoire ça ne fait pas de mal ! Même si parfois j'ai trouvé que l'on passait un peu vite sur certains épisodes de l'Histoire, les personnages étaient plutôt attachants et intéressants. Et puis ça change de tout ce qu'on a l'habitude de lire, enfin en ce qui me concerne bien évidemment.
"Catholicisme et protestantisme sont les deux visages du même mensonge - de la même hérésie, pour employer leur langage. Les uns et les autres me font l'effet de fous qui, ne voyant qu'une face de la médaille posée sur la table, seraient convaincus que l'autre côté n'existe pas. La prétention à détenir la vérité est pour moi la pierre de touche de l'erreur. Je rêve d'une autre religion, toute nouvelle ou très ancienne, sans dogme ni culte, sans prêtres ni guerres, dont le seul exercice de piété serait la joie d'être au monde."
"En revanche, je ne le suivrais pas dans ces guerres civiles que l'on veut allumer dans notre pays. Quelque chose en moi s'y refuse obstinément. Je répugne à plonger les mains dans ce bourbier de haines domestiques et de vengeances de voisinage dans lequel s'enfonce la France divisée contre elle-même."
"Temps doux aux approches des ides de février, paix boiteuse et mal assise, mon âme est incertaine. Lorsque les dieux étaient nombreux à se côtoyer sur l'Olympe, les hommes se faisaient la guerre par jeu, pour plaire aux femmes ou pour substituer en haut d'une tour un chiffon vert à un chiffon rouge. Il a fallu l'avènement du Dieu jaloux, qui exige toute la place dans le coeur de ses fidèles, pour voir nos affrontements prendre ce tour haineux et moralisateur qui me déplaît beaucoup plus que la brutalité des combats."
" Mon fils a écouté ma diatribe sans sourciller. Il est déjà cadenassé dans sa prison intérieure, gangrené de ce fanatisme qui interdit tout dialogue avec qui ne partage pas son avis. Est-ce pour cela qu'il refuse de me parler ? Il croit défendre le bon ordre de notre royaume, l'antique dépôt de notre foi, les traditions de l'Église romaine. Pourtant, il reste un grand nigaud, qui rougit puis se met en boule tel un hérisson lorsque j'évoque son retour avec Flore. Je voudrais le serrer dans mes bras, comme lorsqu'il était un petit enfant en lisières. Relevant les yeux, il me demande avec une insolence froide si j'en ai fini et s'il peut disposer."
Lu via la "bibliothèque orange".
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